L'Enseignement du mois - Juin 2010

La réincarnation, le chaînon manquant

La réincarnation est une option séduisante pour ceux qui se sont posé des questions rigoureuses sur la justice de Dieu. Et elle a séduit beaucoup de nos grands esprits. Aux dix-huitième et au dix-neuvième siècles, la liste des penseurs occidentaux qui acceptèrent la notion de réincarnation comprenait entre autre : le philosophe français Voltaire, le philosophe allemand Schopenhauer, Benjamin Franklin, le poète allemand Goethe, Honoré de Balsac, l’essayiste américain Ralph W. Emerson et le poète américain Henry W. Longfellow. Au vingtième siècle, elle comprend le romancier anglais Aldous Huxley, le poète irlandais W.B. Yeats et l’auteur anglais Rudyard Kipling.

Ces penseurs démontraient un nouvel état d’esprit ouvert à la notion de réincarnation qui fut plus largement acceptée en Occident sous l’influence d’Helena P. Blavatsky et de la Société théosophique. La théosophie permit à un certain nombre d’autres groupes d’intégrer l’enseignement sur la réincarnation dans un contexte chrétien. Parmi ceux-ci figurent la Société Anthroposophique de Rudolf Steiner et le Unity School of Christianity de Charles et Myrtle Fillmore. Edgar Cayce, le « prophète endormi », était un chrétien fervent qui en vint à croire à la réincarnation et fit connaître cette notion à des millions de personnes.

Presque tout ensemble de croyances incluant la réincarnation renferme aussi l’idée que l’homme a la faculté potentielle de devenir Dieu. Ce potentiel divin est décrit comme une semence ou une étincelle qui est en nous, qui a besoin d’être cultivée ou ravivée pour pouvoir devenir pleinement la divinité. « Le développement véritable de l’homme se trouve dans la semence divine implantée en lui », dit Mark Prophet.

Bien que l’âme contienne une étincelle du divin, l’âme n’est pas Dieu. En vivant sur terre, les âmes se sont empêtrées dans l’ignorance, le chagrin et la souffrance. Elles ont créé des liens karmiques qui les font retourner continuellement sur terre dans de nouveaux corps. Un texte hindou compare l’univers à une roue à laquelle sont enchaînées « toutes les créatures qui sont soumises à la naissance, la mort et la renaissance. » Karma est un mot sanskrit signifiant acte, action, œuvre. Dans l’hindouisme le mot karma a évolué, prenant le sens d’actions qui enchaînent l’âme au monde de l’existence.

Une fois que l’âme a décidé de retourner à sa source, son but est de se laver de l’ignorance et des ténèbres. Le processus peut prendre plusieurs vies. Le Mahabharata compare le processus de purification au travail d’un orfèvre qui affine son métal en le jetant à maintes reprises dans le feu. Bien qu’une âme puisse se purifier en une seule vie par de « grands efforts », la plupart des âmes ont besoin de « centaines de renaissances » pour se purifier. C’est ce qui fait la valeur réelle de la réincarnation : elle implique des possibilités. Cela signifie que si une personne ne trouve pas Dieu dans cette vie, elle peut revenir pour essayer de nouveau dans une autre vie. Cela signifie que l’enfant qui meurt avant d’avoir eu une chance de vivre, le soldat fauché à la fleur de l’âge peuvent revenir pour reprendre les choses où ils les ont laissées.

Aujourd’hui, karma est le mot à la mode qu’on emploie à la place du mot destin. Mais croire au karma n’est pas être fataliste. Le karma ne nie pas le libre arbitre. « Les actes déterminent assurément la manière de renaître mais pas les actions de l’être qui renaît, le karma crée la situation et non la réaction face à cette situation », lit-on dans The Encyclopedia of Eastern Philosophy and Religion. Le bouddhisme dit la même chose. Bouddha enseigna que la compréhension du karma nous donnait la possibilité de changer l’avenir.

Selon la conception catholique, l’âme ne peut pas retourner vers Dieu puisqu’elle n’a jamais fait partie de Dieu. On ne peut accéder à la vie de Dieu que par la grâce, à travers l’Église. Quand les Pères de l’Église définirent l’âme comme étant séparée de Dieu, il leur devint impossible d’accepter l’idée des tenants de la réincarnation selon laquelle l’âme peut s’unir à Dieu. Leur définition barra aussi le chemin des chrétiens mystiques puisque le mysticisme est la recherche du contact direct avec Dieu ou de l’union avec Dieu.

Certains n’aspirent pas à cette union avec Dieu. Certains sont satisfaits de la vie telle qu’elle est. À eux aussi, la réincarnation propose une solution, la possibilité de continuer de retourner sur terre jusqu’à ce qu’ils en aient assez et soient prêts à passer aux formes d’existence supérieures qu’offre l’union mystique.

La doctrine de la réincarnation apporte une solution de rechange face à la conception du ciel et de l’enfer envisagés comme étant tout ou rien. Dans l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, nous trouvons un texte final qui sous-entend la réincarnation, ou plutôt la fin de celle-ci. L’Apocalypse 3 :12 dit : « Le vainqueur, je le ferai colonne dans le temple de mon Dieu; il n’en sortira plus jamais. » Il ne sera plus jamais obligé d’entrer dans des corps terrestres. Les Épîtres de Paul, les Évangiles et l’Ancien Testament sous-entendaient ce concept. « Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème, on le récolte. » (Ga 6 :7)

Le sens véritable de la « chute » ou péché originel est qu’il y a des milliers d’années, quand nous choisîmes de quitter le « paradis » céleste qui était un état de conscience supérieur, nous avons perdu nos liens avec Dieu. Nous fûmes alors soumis aux lois du karma et de la mortalité. La seule façon de nous libérer de cette condition est de retourner à l’état d’union divine. La chute est gravée dans la mémoire de notre âme. Nous avons tous le sentiment d’avoir perdu le meilleur de nous-mêmes, la partie de nous qui est immortelle. Nous désirons ardemment atteindre l’état bienheureux d’union avec Dieu et un paradis qui nous attend quelque part. Par la logique libératrice de la réincarnation, nous n’avons plus à nous considérer comme de misérables pécheurs. Nous pouvons prendre la décision de retourner à notre source et entamer le processus de la réunion de notre âme avec Dieu.

Peut être vous souvenez-vous du tour célèbre de Houdini qui se faisait enchaîner, puis enfermer à clef dans une boîte lestée, qui était entourée d’une corde et jetée dans une rivière glacée. Être emprisonné dans la matière, enchaîné à la roue de la renaissance, c’est comme être à l’intérieur de cette boîte. Nous ne pouvons pas voir le monde spirituel invisible qui est à l’extérieur de la boîte. Le monde « non local », le monde dans lequel nous sommes « partout». Mais nous savons qu’il existe quelque part à l’extérieur de la boîte.

Comment parvenir à sortir de la boîte ? Les mystiques nous disent que la libération est un processus graduel qui se déroule par étapes. D’abord nous entrons en contact avec l’état d’union pendant un seul instant. C’est comme si nous étions emprisonnés dans la boîte à un moment et que la seconde d’après nous sommes en liberté hors de la boîte. Les mystiques nous disent que nous n’avons pas à attendre la mort physique pour accéder à l’état d’union divine. Ils avaient découvert un moyen de sortir de la boîte. Leurs expériences sont la convergence de la grâce de Dieu et de leur désir de s’unir à lui. Ces deux éléments sont nécessaires sur la voie de l’union divine.

Le chemin de la vie éternelle est différent pour chacun d’entre nous. Pour trouver la voie qui est la bonne pour nous, nous devons d’abord entrer en contact avec l’étincelle de Dieu qui est en nous, qui nous mettra immanquablement sur le chemin du retour le plus rapide. Une voie menant réellement à Dieu contient généralement quatre éléments fondamentaux :

  1. Remplir nos obligations karmiques envers toute vie en réparant nos actions négatives passées. Il y a des gens que nous devons aider et servir. Et il y a aussi la flamme violette qui est capable de dissoudre les effets du karma négatif et de propulser notre âme vers des fréquences d’énergies supérieures qui conduisent à l’union divine.

  2. Apprendre à nous identifier à notre moi spirituel plutôt qu’à notre moi matériel. Les mystiques appelleraient cela chercher les « choses qui existent », qui sont des choses permanentes, d’ordre spirituel. Plus nous sommes attirés par le monde matériel où les choses ne sont pas permanentes, plus nous serons distraits du monde spirituel où les choses sont permanentes.

  3. Accéder à la grâce divine est le troisième élément essentiel de la voie. Elle nous fait prendre conscience de notre nature divine et nous permet de découvrir comment nous pouvons échapper aux liens du karma. Elle nous amène à chercher Dieu et nous permet d’arriver à bon port. La grâce est un lien avec le divin. Nous avons besoin de la grâce parce que notre karma nous aveugle et nous enferme dans des habitudes qui produisent un karma négatif sur lequel nous trébuchons encore et encore depuis des milliers d’années. La grâce c’est Dieu qui fait la moitié du chemin

  4. Concentrer toute notre pensée sur Dieu est le quatrième élément essentiel de l’union divine. Il est possible d’en arriver à se concentrer sur Dieu à un tel point qu’une partie de la pensée soit fixée sur lui, même lorsque le reste de la pensée est occupé par des activités banales. Une pensée centrée sur Dieu… ne perd pas la faculté de raisonner. Au contraire, ses facultés et sa perception sont accrues par le contact avec la pensée infinie de Dieu.

L’une des meilleures façons de concentrer notre attention sur Dieu est d’employer la méditation, les prières et les mantras répétitifs. Pourquoi répéter une prière ? Cela a deux effets : cela aide la pensée aisément distraite à se concentrer. Et cela libère l’âme progressivement. Il a fallu des centaines d’années et des millions d’actions pour forger les chaînes qui attachent l’âme à notre corps, il nous faut des prières répétées et de constants efforts pour desserrer ces chaînes. Par chacune de nos bonnes actions, des chants religieux que nous chantons ou des mantras que nous répétons, nous libérons une partie croissante de notre être, lui permettant de demeurer en permanence dans cet état d’union divine.

En terminant voici l’un des plus puissants décrets tendant à l’union divine,
la « Salutation adressée au Soleil ».

Ô puissante Présence de Dieu, JE SUIS
Au centre et derrière le soleil :
J’accueille ta lumière, qui inonde toute la terre,
Dans ma vie, dans ma pensée, dans mon esprit et dans mon âme.
Irradie et fais resplendir ta lumière !
Brise les chaînes des ténèbres et de la superstition !
Remplis-moi de l’immense clarté issue du rayonnement de ton feu blanc !
JE SUIS ton enfant, et chaque jour te manifesterai davantage !

Extrait de La Réincarnation, le chaînon manquant
Élizabeth Clare Prophet et Erin L. Prophet
Publié aux Éditions de Lumière d’El Morya